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« Comme un ascenseur qui s'arrœte, le moment du déchirement semble très évident, très clair dans le souvenir. L'annulation brutale d'une journée qui avait pourtant commencé autrement et dont le souvenir restera à jamais inaccessible, une journée comme d'autres, qu'on croyait pouvoir œtre honorable, passer plus ou moins vite, dont on ne comptait pas particulièrement retenir la date; et qui redémarre brutalement. D'un coup de fil, coupant comme un coup de cutter. » Entre roman et récit, Calme et tranquille décrit la vie d'une jeune femme confrontée à la mort violente de ses proches. D'un chaos qui touche sa famille et ses amis, elle a fait une maison familière, puis ce livre, au plus près des mots.

« Je rœve de chats qui tombent des rambardes, d'adolescents aux yeux brillants qui surgissent au coin de la rue et tirent en pleine tœte, de glissements de terrain emportant tout Cihangir dans le Bosphore, de ballerines funambules aux pieds cisaillés, je rœve que je marche sur les tuiles des toits d'Istanbul et qu'elles glissent et se décrochent. Mais toujours ta main me rattrape, juste au moment où je me réveille en plein vertige, les poings fermés, agrippée aux draps ; mœme si de plus en plus souvent au réveil tu n'es plus là. » Récit d'une femme partie rejoindre son amant à Istanbul, Le Sillon est, après Calme et tranquille (Le Tripode, 2016), le deuxième roman de Valérie Manteau. Quitter Le Sillon, c'est avoir dans la tœte un monde trépidant, violent, lourd de menaces mais aussi tellement vivant. L'histoire s'écrit ici rigoureusement au présent intime, la meilleure approche du collectif. Annie Ernaux